De nos jours, l’horloge atomique est la gardienne du temps, constante, précise, fiable. Avant elle, le quartz avait bouleversé notre perception du défilement des heures en permettant des précisions de l’ordre de la seconde par année. Mais la quête de la mesure exacte du temps ne date pas de la découverte des propriétés du quartz…
Longtemps, les montres mécaniques de grande diffusion, relativement imprécises, devaient être étalonnées. Les observatoires, grâce à l’étude des astres permettaient une mise à l’heure fiable mais contraignante (et puis, tout le monde n’avait pas un observatoire à portée de main …). Il fallut inventer des mécanismes plus précis, des montres faisant preuve d’une meilleure fiabilité, des garde-temps servant à étalonner les autres, à les réguler.
Régulateur IWC Portugaise
Tout commence avec les besoins croissants en précision des astronomes, des marins et des cheminots. Les astronomes ont toujours eu une influence énorme sur les horlogers car la mesure du temps découle directement de l’observation des astres (position du soleil par exemple). Or, les astronomes ont besoin de mesurer des temps de façon précise et fiable pour leurs observations. Ce sont donc eux les premiers qui ont poussé les horlogers à concevoir des montres de plus en plus fiables dans l’indication du temps.
Mais ce qui a vraiment favoriser l’apparition des régulateurs, c’est le besoin vital des marins de connaitre la position exacte de leur bateau. En effet, jusqu’au XVIIIème siècle, l’observation des étoiles ne permettait que de déterminer la latitude (position sur l’axe nord-sud), la longitude restant impossible à connaitre avec précision. Cette imprécision fut la cause de l’une des pires tragédies marines : le 22 octobre 1707, une flotte de la marine royale anglaise s’échoua contre les rochers des îles Scilly, causant la mort de plus de 1500 marins. A la suite de ce drame, le parlement britannique lança un appel à tous les inventeurs et savants : le Longitude Act qui récompenserait d’une somme colossale la première personne qui découvrirait un moyen de déterminer avec précision la longitude d’un navire. L’heureux gagnant fut John Harrison qui mit au point un moyen de calculer la longitude en utilisant les mesures au sextant et l’heure du port de départ. La précision de l’horloge de bord était donc déterminante pour ce calcul et la mesure du temps à la seconde près devint un enjeu mondial.
Chronographe de marine vintage
Mais ce qui permit l’expansion des régulateurs fut l’extension des chemins de fer au XIXème siècle. Les compagnies ferroviaires commencent à planifier les déplacements des trains et le respect des horaires prévus est au cœur du problème, il est en effet gênant de retrouver deux trains sur les mêmes rails au même moment ! La fabrication de régulateurs s’intensifia et on peut trouver aujourd’hui un nombre élevé de montres de poche dites « régulateurs » ayant servies pour les chemins de fer.
Pour obtenir des montres de plus en plus précises, deux pistes ont été étudiées : modifier le fonctionnement du mécanisme pour obtenir le moins de frottements possibles et travailler sur la précision de chaque pièce en jouant sur sa taille et les alliages de métaux (pour lutter contre les rétractations infimes dues aux variations de températures).
Le diamètre important des montres gousset permet d’utiliser des pièces de grande taille dont le réglage est plus facile et le fonctionnement plus fiable. La recherche d’une diminution des frictions à l’intérieur d’une montre a créé cette architecture particulière avec les trois aiguilles sur des axes différents : les aiguilles ne frottent plus l’une sur l’autre diminuant ainsi une source de perturbations. Le fait que l’aiguille des minutes soit souvent l’aiguille principale vient de l’intérêt de faciliter sa lecture car c’est souvent celle qui est la plus dure à lire sur un cadran classique.
Montre gousset vintage et régulateur Jaquet droz
De nos jours, l’intérêt d’une montre mécanique régulateur est bien sur limité. De plus, beaucoup de fabricants considèrent l’exercice comme purement esthétique et au lieu de développer des mouvements dédiés avec un affichage de type régulateur (avec les trois aiguilles sur des axes différents par exemple), ils se contentent de rajouter un module régulateur sur un mouvement déjà existant : un train de rouages supplémentaires permet de désaxer les trois aiguilles qui étaient concentriques sur le mouvement d’origine.
Bien sur, il reste l’affichage original qui permet de raconter la petite histoire des régulateurs à votre voisin s’étonnant de l’allure étrange de votre montre, c’est déjà ça.
Louis Erard propose plusieurs régulateurs à des prix très corrects (entre environ 1000 et 3000€)
Il arrive souvent que les maisons horlogères mixent affichage de type régulateur et diverse complications : tourbillons, heures rétrogrades, etc.
Regulateur Breguet à tourbillon à gauche et régulateur Maurice Lacroix avec roue carrée piur l'indication des heures à droite
Régulateur "Retrolateur" de Schaumburg Watch à double seconde rétrigrade à gauche et Perrelet à heure rétrograde à droite
